Ce samedi 1er avril, après 20 ans de bataille, les canettes feront enfin partie du système de consigne néerlandais. Il s'agit d'une grande réussite rendue possible grâce au soutien de la société civile et de nombreux partis politiques. Et nous sommes fiers de dire que cette victoire est aussi largement due aux 1 300 partenaires de l'Alliance qui ont soutenu, tant aux Pays-Bas qu'en Belgique, cette introduction à travers nos différentes campagnes et actions.
Aux Pays-Bas, la secrétaire d'État Stientje van Veldhoven (D66) a pris en 2018 la décision de mettre en place une consigne sur les petites bouteilles en plastique, qui a débuté le 1er juillet 2021. L'extension du système aux canettes, qui devait avoir lieu le 31 décembre 2022 mais a été repoussée par l'industrie, débutera finalement ce samedi 1er avril. Le système néerlandais s'aligne ainsi sur la plupart des autres systèmes européens qui incluent déjà les canettes.
Il s'agit d'une grande réussite qui a été largement soutenue par les multiples actions et le soutien de plus de 1 300 partenaires de l'Alliance, tant aux Pays-Bas qu'en Belgique. En Belgique, plus de 50 % des municipalités belges, ainsi que des ONG et des entreprises, sont rassemblées derrière le drapeau de l'Alliance. La campagne Yes We Can que nous avons lancée pour soutenir l'introduction de la consigne dans les deux pays a été largement soutenue. Ce soutien massif a certainement pesé sur la décision des Pays-Bas d'introduire une consigne sur les canettes.
Malgré cette grande réussite, il est important de rappeler que le chemin vers un système complet aux Pays-Bas n'a pas été facile et que le système néerlandais doit encore être amélioré pour devenir l'un des systèmes les plus performants et obtenir tous les bénéfices environnementaux qu'un tel système peut apporter.
Nous avons observé certains défauts dans la conception et la mise en œuvre du système néerlandais qui ont eu des conséquences sur son efficacité depuis son lancement pour les petites bouteilles en plastique - tels qu’une diminution significative mais pas optimale de ces bouteilles dans les déchets sauvages. Ces défauts devraient également avoir un impact sur l'efficacité de la consigne sur les canettes.
La bonne nouvelle, c'est que la Belgique, en mettant en place son système de consigne sur toutes les bouteilles en plastique et les canettes, peut tirer des leçons de l'expérience de ses voisins. Elle peut ainsi introduire un système efficace dès son lancement en 2025 et rester fidèle à son image de championne de la gestion des déchets ménagers. Voici quelques enseignements à tirer du système néerlandais.
Inscrire une obligation de reprise dans la législation sur la consigne. La législation néerlandaise sur la consigne ne prévoit pas d'obligation de reprise, ce qui est une pratique courante dans tous les systèmes européens les plus performants. En l'absence d'une telle obligation, l'industrie a perdu beaucoup de temps avec son propre plan expérimental de collecte des canettes via des machines placées à l'extérieur des supermarchés. Ce faisant, ils ont tenté de mettre en œuvre une alternative au modèle bien connu du retour en point de vente, qui n'a été vu nulle part ailleurs dans le monde. Ce plan ne s'étant pas avéré concluant, l'industrie a unilatéralement déclaré qu'elle avait besoin de plus de temps pour étendre le système aux canettes, retardant ainsi son introduction de trois mois.
En outre, sans obligation de reprise, les consommateurs ne peuvent pas non plus se faire rembourser dans certains points de vente tels que les cinémas ou les stations-service, ce qui rend le système moins pratique pour eux. Une solution simple à ce problème est d'inclure cette "obligation de reprise" dans la législation sur la consigne, qui assure que tous les points de vente reprennent les emballages consignés et restituent la consigne aux consommateurs. Cette obligation peut bien sûr être assortie d'une exemption pour les petits détaillants. Il est essentiel que les consommateurs puissent récupérer leur argent dans tous les points de vente, car cela les encourage à adopter un comportement positif.
Mettre en œuvre un système complet dès le départ. L'approche par étape de l'introduction du système aux Pays-Bas - d'abord sur les petites bouteilles en plastique, puis sur les canettes - s'est avérée inutilement complexe et a ouvert la porte à de nombreux problèmes de mise en œuvre. Non seulement l'industrie a dû modifier deux fois l'organisation et la communication du système, mais les consommateurs ont également dû adopter deux fois de nouveaux comportements positifs. C'est pourquoi nous recommandons l'introduction d'un système complet sur toutes les bouteilles en plastique et les canettes, grandes et petites, dès le début du système, afin de le rendre plus simple et plus clair. En outre, un champ d'application plus large des emballages inclus limite également le risque que les producteurs changent les matériaux de leurs emballages vers des matériaux sur lesquels la consigne ne porte pas.
Veiller à ce que le montant de la consigne soit suffisamment élevé. Un montant de consigne suffisamment élevé envoie un signal fort aux consommateurs, les aidant à adopter de nouveaux comportements et les encourageant à retourner l'emballage pour récupérer leur consigne (Eunomia, 2012). En effet, puisque l'emballage a encore une valeur, il ne se retrouve pas parmi les déchets sauvages. Les Pays-Bas ont opté pour une consigne de 15 centimes pour les petites bouteilles en plastique et les canettes, ce qui est inférieur au montant existant pour les grandes bouteilles (25 centimes). Comme ce sont précisément ces petits types d'emballages, davantage consommés "on-the-go", qui finissent le plus souvent dans les déchets, il faut une incitation financière efficace pour que les consommateurs les rapportent. En Allemagne, la taxe sur les emballages de boissons est de 25 centimes d'euro et 98 % des emballages sont rapportés.
Ces enseignements sont conformes aux caractéristiques essentielles d'un bon système de consigne que nous soutenons.
En s'appuyant sur l'expérience de ses voisins néerlandais et d'autres pays, la Belgique a toutes les cartes en main pour introduire le système de consigne le plus performant d'Europe dès son lancement en 2025. Elle pourra alors enfin s'attaquer sérieusement à la question des emballages dans les déchets et œuvrer en faveur d'une économie véritablement circulaire, en permettant un recyclage de meilleure qualité et en ouvrant la porte aux systèmes de réemploi. La consigne en Belgique, Yes We Can !
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